Pour sa 27ème édition, le festival Jazz on the Beach à Raahe propose une belle affiche française, au sein d’un programmation de haute tenue.

Située sur la côte du Golfe de Botnie, à 600 km au nord ouest d’Helsinki,  la ville de Raahe abrite depuis 1989 un des festivals de jazz les plus réputés en Finlande, de taille modeste mais d’envergure internationale. Charles Gil, le nouveau directeur du festival, signe une programmation dont la ligne fortement franco-finlandaise fait écho aux tournées que ce producteur français installé en Finlande mène depuis près de vingt ans.

L’invité d’honneur du festival est le saxophoniste américain Dave Liebman, musicien de légende, qui se produit au sein du quartet du pianiste Aki Rissanen et du batteur Jussi Lehtonen. Depuis plusieurs années, la réputation du trompettiste Verneri Pohjola ne cesse de grandir. Il présente à Raahe son quartet dont le nouvel album « Bullhorn » a été accueilli avec beaucoup d’enthousiasme par la critique. Le sextet Dalindéo, mené par le fantasque guitariste Valtteri Pöyhönen s’inscrit avec bonheur dans la mouvance d’un « dance floor jazz » festif aux accents de surf rock.

Les musiciens francais invités par le festival comptent parmi les figures les plus emblématiques de la scène française du jazz, des artistes qui se sont fait une  réputation en Finlande au travers des tournées « Vapat äänet » (Voix et sons libres). On retrouve ainsi le violoncelliste Vincent courtois avec Mediums, le trio qu’il forme en compagnie des saxophonistes ténor Daniel Erdmann et Robin Fincker ; le trio Journal Intime qui associe le trompetiste Sylvain Bardiau, le tromboniste Matthias Mahler et Frédéric Gastard au saxophone basse ; le guitariste Marc Ducret qui se produit en solo et en quartet avec Journal Intime. Charles Gil et son équipe ont demandé à ces protagonnistes de premier plan, dans quel état d’esprit ils s’apprêtent à participer au festival. Ils répondent en français dans les lignes qui suivent, à l’exception de Marc Ducret dont l’entretien est réalisé en anglais.

Vincent Courtois, votre  trio avec Daniel Erdmann et Robin Fincker va se trouver en résidence à Raahe pendant deux jours, pour répéter la musique de Bandes originales, votre nouveau projet en hommage aux compositeurs de musiques de film ; pour rencontrer le public du festival et les jeunes musiciens professionnels originaires de la ville, et bien sûr, jouer deux concerts. Dans quel état d’esprit revenez-vous à Jazz on the Beach, pour la première fois avec un groupe sous votre nom ?

« Je suis ravi de revenir à Raahe où je me suis produit déjà plusieurs fois, en particulier avec Louis Sclavis,  mais jamais au festival avec l’un de mes groupes. C’est aussi une chance pour nous d’avoir  plus de temps à consacrer au travail de ce nouveau répertoire.  “Bandes originales” nous demande justement une grande exigence dans l’interprétation. Le fait de pouvoir ainsi répéter et travailler par étape, sans la pression de devoir tout présenter en une seule fois, peut vraiment nous apporter beaucoup. Les répétitions publiques nous donnent aussi l’occasion de porter un regard neuf sur notre propre musique.

A côté de cela, nous jouerons le répertoire habituel de Médiums, ce qui constitue toujours un plaisir. Nous redécouvrons la musique à chaque concert. Peut-être présenterons nous aussi quelques titres de mon nouveau disque « West ». Nous nous réjouissons aussi de pouvoir participer à une rencontre avec les musiciens du Raahe City Funk Unit. »

Journal Intime, votre programme à Jazz on the Beach est des plus denses : concert « Jimi Hendrix » en club dans la nuit, concert jeune public dans la journée, concert avec Marc Ducret en début de soirée. Dans le monde de l’usine on appellerait cela « les trois huit », mais dans votre cas,  ce n’est que l’éclatante manifestation de votre joie de jouer. Quelle est la recette de votre exaltation ?

« Nous fonctionnons comme un vrai collectif, avec tous les effets positifs de l’émulation qui nous anime et de la solidarité qui nous lie. Nous nous soutenons les uns les autres. Nous prenons nos décisions ensemble, nous assumons ensemble les risques et faisons face ensemble à l’adversité.

Nos instruments nous demandent une réponse physique forte. Finalement, cela nous arrange plutôt que le programme de concerts soit dense. Une fois la machine lancée, nous nous trouvons entraînés et puisons notre énergie dans l’énergie que nous générons. Cela nous enivre de jouer. Nous sommes des alcooliques du cuivre !
C’est que qui se passe avec la musique et l’esprit de Jimi Hendrix. Jimi nourrit notre imaginaire et cela nous transcende. Cette circulation d’énergie créé un véritable cercle vertueux.  Les enfants nous renvoient aussi beaucoup d’énergie. Nous ressentons la nécessité de rencontrer le jeune public comme une mission indispensable de musicien. Enfin, nous considérons Marc Ducret comme un phare dans la musique. Il nous indique un chemin. Nous n’écartons jamais une opportunité de pouvoir jouer avec lui. Ainsi, nous abordons ces trois concerts à Raahe comme un repas gargantuesque ! »

Marc Ducret, You have performed in Finland quite many times since the first Nordic tour of your trio in 2000. The same trio, with Bruno Chevillon and Eric Echampard played an acclaimed concert at Jazz on the Beach 2009.  Your second visit in our festival gives you the opportunity to perform music unheard before in Finland, in solo and with your friends of Journal Intime. Is it exciting to come back to places that you know and invite listeners to enter new musical territories?

« It is exciting for me to play in Raahe again – also because I remember a very good listening quality from the audience here; and the music we will be presenting this time is completely different from before. I should say “musics”, because I will bring a new solo program, play with Journal Intime in a quite unusual instrumentation: three horns and guitar, which allows for lots of new sound combinations; and also join in their Hendrix project for a few pieces, a completely original re-interpretation of Jimi’s music…
The common ground to all those events might be the rhythmic approach I share with Journal Intime: even when playing solo, I always try to keep some kind of a pulse going; and despite the fact that they are a horn trio with no drums, the groove can be felt in everything they play, turning the “chamber orchestra” at times into a rock band! And I enjoy that aspect a lot. »

Jazz on the Beach, du 23 au 25 juillet 2015
Programme complet et informations sur le festival (finnois et anglais):

www.rantajatsit.fi
La participation de Journal Intime et de Marc Ducret bénéficie du soutien aux déplacements de la Spedidam (www.spedidam.fr). L’ensemble des sept musiciens francais paricipent à Jazz on the Beach dans le cadre du French Nodic Jaz Transit, programme export mené par l’AJC, Association Jazzé Croisé (www.ajc.eu )

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